Le Monde de la Musique octobre 2000 n°427 CHOC de la Musique

« …Il y a une pureté de son fascinante chez Denis Pascal. C’est un piano aiguisé comme la lame d’un couteau et qui découpe les phrases avec la précision d’un laser. Ce compagnon de route de Janos Starker, ancien élève et assistant de György Sebök, est un des pianistes qui maîtrisent le mieux l’art de la pédale. Jamais le son n’est épais, jamais un accord ne bave sur l’autre. Tout cela n’est pas essentiel en soi, mais cette esthétique aigüe (que ne nieraient ni Bergman, ni Bresson) est au service d’une vision forte des Rhapsodies hongroises. D’emblée, Denis Pascal fait table rase de tout folklore, de tout le panache grandguignolesque qui ont entouré ces œuvres. Il met la rythmique à nu avec une étonnante cruauté et une lucidité impressionnante qui n’exclut pas une flamboyante liberté. Et surtout il met en scène une musique grouillante de couleurs avec un sens admirable de l’essentiel. Il dirige ses doigts comme on dirige des acteurs : dans une économie minimum de l’effet et une efficacité maximale du texte. Cette interprétation des Rhapsodies hongroises n’est pas de tout repos. C’est un voyage éprouvant, âpre et féroce au terme duquel on distingue mieux l’âme fière et authentique des Tziganes. Un disque capital si l’on veut entrer dans la vérité d’une œuvre trop souvent réduite à d’habiles tours de passe-passe. »

Olivier BELLAMY