Hommage à Chopin avec Denis Pascal
C’est un grand moment de musique dédié à Chopin et ceux qu’il a inspirés que l’Orchestre symphonique a offert, dimanche, aux Troyens.
La qualité des concerts de l’Orchestre symphonique de l’Aube (OSA) n’est plus à démontrer et personne ne s’étonnera que dimanche matin, plus une seule place n’était disponible au théâtre de Champagne. Il faut dire que le programme était fort attrayant, élaboré autour de Frédéric Chopin dont on célèbre cette année le bicentenaire de la naissance. Et qui, mieux que Denis Pascal, pouvait interpréter le Deuxième Concerto pour piano et orchestre en fa mineur du maître de Varsovie, inventeur d’un chromatisme au charme exceptionnel et dont George Sand disait : « Il fait parler à un seul instrument la langue de l’infini. »
Une œuvre empreinte de lyrisme et de poésie
Les critiques n’ont jamais fait grand cas de ce concerto, en réalité le premier que Chopin ait écrit, il avait tout juste 20 ans. Si la forme et l’orchestration sont à la rigueur discutables, la passion musicale qu’il exhale, son lyrisme et sa poétique ne peuvent laisser quiconque indifférent. Pas plus que la maîtrise d’interprétation et la virtuosité nécessaires pour tenir haut l’atmosphère et les couleurs somptueuses de l’œuvre.
Fidèle en tout point aux intentions de l’écriture, Denis Pascal nous a offert tout cela en juste sensibilité et dans une belle énergie. Quel talent ! Dont l’orchestre de Gilles Millière a parfaitement accompagné les exigences.
Suivait Perit ut vivat une composition pour orchestre à cordes et piano de Pierre Thilloy, né en 1970, déjà auteur de 160 œuvres jouées dans le monde entier et qui a l’originalité de n’être entré en musique qu’à l’âge de 20 ans. Écrite à la mémoire d’Olivier Greif, décédé en 2000, elle exprime la contradiction du combat qu’a vécu cet autre compositeur français entre ses origines juives, sa quête de spiritualité et son entrée en silence. C’est là une œuvre superbe, humble émouvante, aux thèmes multiples qui se rejoignent après avoir suivi chacun leur chemin. Dans une très belle écriture d’aujourd’hui.
Chopiniana « Les sylphides » pour finir. Une suite de cinq pièces pour orchestre d’Alexandre Glazounov écrite sur des thèmes de Chopin. On en retiendra le Nocturne pour son lyrisme et la Tarentelle comme joyeux final à ce concert brillant. L’œuvre de Chopin se suffit à elle-même et restera inoubliable.
À noter : Denis Pascal a enregistré les deux concertos de Chopin avec l’orchestre Les Siècles sous la direction de François-Xavier Roth (Label Polymnie 750 237) en vente chez les bons disquaires et directement chez Polymnie, à Buchères. De la production locale de très haut niveau !
Lionel REYNIER – LIBERATION CHAMPAGNE – Troyes, 22 janvier 2010