Télérama, Rhapsodies hongroises
Parmi les multiples facettes présentées par Franz Liszt, on ne peut oublier l’ethnomusicologue improvisé, s’efforçant de traduire au clavier l’émotion que lui inspirent les mélodies populaires bohémiennes, le rythme des fougueuses csárdás, et le son du violon, du cymbalum et autres piliers de l’orchestre tsigane, entraînant leur auditoire dans une irrésistible alternance de séquences lentes et (parfois très) rapides.
Composées entre 1846 et 1853, puis entre 1882 et 1885, de manière plus abstraite, les Rhapsodies hongroises ne diffèrent pas fondamentalement, dans leur principe d’élaboration, des nombreuses paraphrases d’opéras et transcriptions symphoniques effectuées par le compositeur. Mais elles possèdent une liberté, un caractère fantasque et poétique qui n’appartiennent qu’à elles et justifient l’appellation choisie par Liszt. Ces dimensions prévalent sur l’étourdissante virtuosité requise pour les jouer. Le pianiste Denis Pascal l’a parfaitement compris dans cette intégrale sortie pour la première fois en 1999 et fraîchement rééditée dans une version re-mastérisée. Aucune esbroufe, peu de pittoresque, juste une musique généreusement colorée et génialement cy-clothymique, où tous les tourments de l’existence trouvent leur résolution dans le chant et la danse.
Source : Télérama 3899